Les ménages québécois ont vu leur niveau d’endettement augmenter, et leurs actifs encore davantage, de sorte que leur ratio reste très sain, révèle une étude de Desjardins.

«Souvent, on regarde juste la dette, et ça crée un sentiment d’insécurité chez les gens, mais il faut tenir compte des actifs: de dette, la maison devient un avoir important. Et les actifs des ménages ont davantage augmenté que leurs dettes. C’est un bon signe», dit Hélène Bégin, économiste chez Desjardins et auteure de l’étude.

Selon les données de l’enquête Ipsos Reid pour le Québec, les dettes de l’ensemble des ménages sont passées en moyenne de 40 000 $ en 2000 à 80 000$ en 2015.

L’endettement a augmenté dans tous les groupes d’âge, mais la croissance a été plus importante chez les jeunes. Les emprunts des ménages de moins de 35 ans, qui se situaient autour de 50 000 $ en moyenne il y a quinze ans, ont grimpé à près de 125 000 $ l’an dernier.
«Ils sont à un stade de leur vie où il y a beaucoup de dépenses, dit Hélène Bégin, notamment avec l’achat de la première maison. Et cette maison coûte bien plus cher qu’il y a 15 ans.»

Elle vaut bien plus cher, aussi. Ainsi, la valeur des avoirs des moins de 35 ans atteignait 225 000 $ en 2015, trois fois plus qu’en 2000 (95 000 $).

De faibles taux d’intérêt

Les faibles taux d’intérêt ont poussé les jeunes, mais aussi les moins jeunes, à investir davantage dans l’immobilier.

En fait, si l’on tient compte de la faiblesse des taux d’intérêt, les Québécois sont en meilleure posture qu’il y a 15 ans, dit l’économiste Pierre Fortin, professeur à l’UQAM. «Malgré l’augmentation importante du rapport entre la dette et les revenus, ce n’est pas un problème, car les taux d’intérêt sont plus bas aujourd’hui que lorsque ce rapport était plus faible.»
En guise d’exemple, dit le professeur, prenez une dette de 100 000 $, à 10 % d’intérêt, un taux fréquent il y a seulement 15 ans. «Cela revient à payer 10 000 $ d’intérêt.» Aujourd’hui, avec un taux à 4 %, une dette deux fois plus élevée (200 000 $) coûtera seulement 8000 $ en intérêt. «Ce qui est important, ce n’est donc pas le montant de la dette ni le revenu, mais combien ça coûte chaque année pour soutenir cette dette par rapport à son revenu.»

Les taux d’intérêt, croit-il, ne vont pas augmenter. Et comme il n’y a pas de bulle immobilière au Québec, contrairement à Toronto ou Vancouver, les maisons sont justement évaluées.

Changement de mentalité chez les 65 ans et plus

Environ 50 % des ménages âgés de 65 ans et plus avaient des dettes en 2015, contre le tiers 15 ans plus tôt. Comme les autres Québécois, dit Pierre Fortin, les plus âgés profitent de la faiblesse des taux d’intérêt pour s’acheter des biens, comme une résidence secondaire.

Il y a aussi un changement de mentalité, notamment avec l’arrivée des baby-boomers dans ce groupe d’âge. «Cette génération n’a pas la même crainte, face aux dettes, que celle qui l’a précédée, dit Hélène Bégin. Avant, il était obligatoire, dans les mentalités, d’avoir la maison entièrement payée à la retraite. Ce n’est plus ça aujourd’hui. Il y a plus de souplesse et de flexibilité et d’autres options qui s’offrent.»

L’accumulation d’actifs la plus importante revient, sans surprise, au groupe des 65 ans et plus. Ces dernières années, leurs avoirs financiers et non financiers totalisaient 315 000 $ en 2015, soit pratiquement le double d’il y a quinze ans.

Source : http://www.journaldemontreal.com/2016/08/25/les-quebecois-sont-plus-endettes-mais-plus-riches-aussi

AGENCE QMI
Jeudi, 25 août 2016 17:52
MISE à JOUR Jeudi, 25 août 2016 17:52