Réunis à Tianjin (Chine) dans le cadre du Forum économique mondial d’été, des experts ont annoncé mardi qu’avec l’incertitude créée par le Brexit, la Réserve fédérale américaine pourrait ne pas relever du tout ses taux d’intérêt cette année, rapporte Le Temps.

« Nous recommandons à la Fed de rester prudente », a notamment insisté Min Zhu, vice-directeur général du Fonds monétaire international (FMI).

« La Fed tient compte de ce qui se passe dans le monde, même si elle dit s’intéresser au taux de chômage dans son pays pour décider d’une hausse de taux », a souligné de son côté Nouriel Roubini, professeur à l’Université de New York.

LA CHINE SOULÈVE L’INQUIÉTUDE

En 2015, lorsque la banque centrale américaine a mis fin à son programme d’« assouplissement quantitatif », les analystes s’attendaient à ce qu’elle hausse ses taux en septembre, mais elle ne l’a pas fait en raison des craintes liées au ralentissement chinois, explique Le Temps.
« Il s’est produit la même chose au début de cette année, où les turbulences sur les marchés, là encore provoquées par l’incertitude chinoise et la chute des prix des matières premières, l’ont empêchée d’agir », ajoute le quotidien suisse.
La Fed a finalement relevé ses taux pour la première fois depuis la crise financière de 2008 en décembre dernier, alors qu’elle avait prévu de le faire plusieurs mois auparavant.

BREXIT : UNE BONNE NOUVELLE POUR LES PAYS ÉMERGENTS

Pour certains pays, le Brexit est donc une bonne nouvelle, souligne Le Temps, qui cite notamment Jing Ulrich, directrice générale de JP Morgan en Asie-Pacifique, selon laquelle « la Fed et les autres banques centrales ne vont pas resserrer leurs taux de sitôt, ce qui donnera de l’oxygène aux marchés émergents ».

« Chaque hausse de taux d’intérêt est associée avec une appréciation du dollar et avec des flux de capitaux qui sortent des pays émergents et vont aux États-Unis, provoquant des soubresauts dans les marchés émergents », rappelle l’analyste.
Toutefois, d’autres responsables se montrent plus pessimistes. À l’instar du vice-premier ministre turque, Mehmet Simsek, ils jugent que la décision des Britanniques de quitter l’Union européenne introduit une nouvelle fracture dans une économie mondiale déjà fragile. Et même si le Brexit ne constitue pas, selon eux, « un choc systémique », il provoque d’ores et déjà une crise politique qui aura de nombreuses répercussions à moyen et à long terme.

UN RISQUE DE RALENTISSEMENT MONDIAL

« Pendant les deux prochaines années, il risque de ne rien se passer. Cela signifie que l’incertitude va rester présente sur les marchés, impliquant de la volatilité et, donc, des pressions sur la croissance mondiale », prévoit par exemple Min Zhu.
Pour lui, la situation apparaît d’autant plus compliquée que la plupart des pays n’ont plus guère de marge de manœuvre en matière de politique budgétaire, tandis que les banques centrales semblent avoir vidé leur « boîte à outils ».
Sa conclusion? « Il ne reste plus que les réformes structurelles, plus difficiles à mettre en œuvre », ajoutant que « tout cela aura pour conséquence un risque que l’économie mondiale ralentisse encore, et même que son potentiel de croissance diminue ».

Source : http://www.conseiller.ca/nouvelles/la-fed-ne-relevera-sans-doute-pas-ses-taux-en-2016-59197